Qui es tu, que fais-tu?
« Je suis pédiatre à la retraite depuis peu, après une activité hospitalière et libérale dans la région parisienne. »
Pourquoi as-tu adhéré à Pédiatres du Monde ?
« Je connaissais Pédiatres du Monde depuis longtemps (par l’intermédiaire de l’AFPA*) mais je n’y ai adhéré qu’une fois à la retraite car j’avais enfin du temps et je ne me voyais pas arrêter toute activité pédiatrique. Les interventions de Pédiatres du Monde à l’étranger s’appuient sur le personnel médical et paramédical sur place en les aidant à acquérir des compétences pédiatriques: nous faisons avec eux et non sans eux, dans le but qu’ils fassent ensuite seuls. Cela a fini de me convaincre de les rejoindre. »
Peux-tu nous parler des différentes missions que tu as effectuées?
« Je suis partie sur 2 missions au Maroc (Skoura) et au Laos (Pakbeng). Au Maroc nous avons fait de la co-consultation avec les infirmiers. Le manque de médecins est important et la population locale est loin des structures de soins. Nous avons débuté la formation des instituteurs de maternelle sur le développement des enfants. Au Laos, nos actions ont lieu dans un hôpital de district qui propose des consultations en urgence, de l’hospitalisation et une maternité. Le but est de former le personnel (médecins et infirmiers) à l’accueil et à la prise en charge des enfants dès la naissance, en proposant des co-consultations et de la formation sur les différentes pathologies pédiatriques. J’interviens également de façon régulière à Paris dans 2 structures d’aide aux populations migrantes, l’une tenue par Emmaüs Solidarité où nous intervenons en donnant des consultations pour les enfants logés avec leur famille (migrants primo arrivants) et qui attendent leurs transferts vers des centres en régions, et l’autre tenue par le CASP**,recevant à la journée des familles vivant dans la rue. Nous y faisons de la consultation pédiatrique. «
Qu’est ce que ces missions t’ont apporté?
« Pour les 2 missions à l’étranger, même si très différentes, il m’a été difficile de m’adapter et de ne pas faire comme j’en avais l’habitude. Les soignants sont tellement démunis en moyens médicaux (médicaments, aide aux diagnostics et au Laos ,en formations médicales) qu’il faut accepter leur façon de travailler et de ne pas tout comprendre. Il faut surtout admirer ce qu’ils arrivent à apporter à leurs patients avec si peu de moyens. Nous avons dû nous adapter, accepter d’avoir fait fausse route et modifier nos interventions à des actions plus cliniques et participatives. Pour les actions à Paris j’ai découvert des familles migrantes dans des difficultés effroyables (démarches administratives ubuesques pour certaines vivants dans la rue donc y dormant avec leurs enfants, même bébés) impossibles à changer à notre niveau mais petite consolation, nous leurs apportons un accès à la santé qu’elles n’ont pas.
* AFPA Association Française de Pédiatrie Ambulatoire
**CASP Centre d’Action Sociale Protestant