Qui es tu ? Que fais tu ?

“Je suis orthophoniste en activité libérale dans la région de Bordeaux. J’accueille à la fois des enfants (notamment en situation de handicap) et des adultes (ayant une pathologie neurologique acquise). En ce qui concerne les enfants, mon rôle est de les aider à communiquer (que ce soit par le langage oral ou bien d’autres moyens de communication tels que des signes, des pictogrammes) et à s’alimenter. Je travaille conjointement avec des médecins pédiatres, ORL, orthodontistes, et des psychomotriciens, ergothérapeutes.”

Pourquoi as-tu adhéré à Pédiatres du Monde ?

“J’ai été attirée par la diversité des actions menées dans les pays concernés, par l’idée de missions régulières permettant un réel accompagnement des professionnels sur place et un suivi régulier des enfants. Le fait que les missions soient effectuées en équipes pluridisciplinaires m’a plu également (particulièrement le fait de faire des consultations pédiatriques communes, moi qui n’ai pas cette chance dans mon activité libérale). Le fonctionnement de Pédiatres du monde correspondait tout à fait à l’idée que je me faisais d’une action humanitaire, j’ai donc eu envie de soutenir l’association.”

Peux-tu nous parler de la mission que tu as effectuée ?

“J’ai participé à la mission handicap à Ouarzazate au Maroc en mai 2023 dans’ une équipe composée de 5 pédiatres et de 2 psychomotriciens. Nous avons effectué des consultations pédiatriques communes dans 4 associations : nous recevions environ 4/5 enfants par demi-journée, accompagnés de leurs parents, pendant une heure environ. Nous commencions par cibler la plainte principale. Si cette plainte concernait la communication ou l’alimentation, j’étais amenée à cerner l’origine de la difficulté et à proposer des solutions pour y remédier. Les parents rapportaient essentiellement des difficultés d’alimentation (difficultés de succion, de mastication, d’acceptation des morceaux) et étaient en demande de conseils pour solutionner le bavage. Les moyens sur place étant réduits (particulièrement dans certaines associations), il fallait souvent s’adapter et trouver des outils de substitution. Dans l’une des associations, 2 orthophonistes venaient d’être embauchées. J’ai ainsi pu échanger avec elles sur nos pratiques respectives et prendre un temps privilégié avec elles pour répondre à leurs besoins. Durant cette mission, j’ai été amenée à montrer et à expliquer les différentes stimulations oro-faciales à réaliser avec les enfants, les moyens existants pour réduire/solutionner le bavage, les difficultés de mastication (et d’alimentation de façon plus globale), et j’ai été amenée à faire de la sensibilisation sur l’importance d’une respiration nasale (et non buccale) pour le développement de la sphère oro-faciale. A la fin de chaque journée, nous faisions une réunion d’équipe pour faire le point sur la journée passée et préparer la journée du lendemain.“

Qu’est ce que cette mission t’a apportée ?

“Tout d’abord, j’ai été transportée par les rencontres, les partages d’expérience, la générosité, la solidarité que nous avions les uns avec les autres. Chacun a offert aux autres ce qu’il pouvait offrir : que ce soit notre équipe pédiatre du monde (temps, écoute, compétences) ou le personnel sur place (accueil chaleureux et généreux, connaissances, investissement, coopération). L’énergie qu’ils déploient au quotidien sur place et les moyens qu’ils mettent en place m’ont inspirée. Ensuite, cette mission a été un vrai défi personnel et professionnel : j’ai enfin pu réaliser ce projet de mission humanitaire que j’avais depuis longtemps et je suis sortie de ma « zone de confort ». J’ai été amenée à m’adapter aux moyens disponibles sur les lieux d’intervention, et cela m’a permis de développer un autre type de pratique. Enfin, j’ai fait partie d’une équipe formidable pour ma 1ère mission : nous étions tous mus par les mêmes intentions durant cette mission, le partage et l’entraide. Toutes les rencontres ont enrichi ma pratique et élargi ma vision des choses, cela m’a beaucoup apporté à tous les niveaux. Les défis sont de taille, les demandes nombreuses, mais j’ai vu que chacun pouvait porter sa pierre à l’édifice !”